Les écotartuffes

J'écris ce billet comme on jette un gobelet dans une corbeille de bureau dont le sac vient d'être remplacé. Ça risque d'être décousu, mais c'est pour mieux vous servir.

Des écotartufes, à Toulouse il y en a plein. Ils se ventent d'être écolo, mais quand on regarde de plus près c'est très risible. Ils utilisent des blocs de produits chimiques dans la cuvette pour faire caca dans de l'eau turquoise, ils prennent la voiture pour faire 500m, ils prennent des bains, ils emploient du liquide vaisselle à l'amende douce qui demande 40 litres d'eaux pour dégraisser un plat à gratin, ils ont des machines à pain (le dernier truc à la mode qui consomme 4 Megawatt pour obtenir un pain de mie incomparable avec ceux qui sont fait par nos pauvres boulangers). Après ils observent avec dédain ceux qui passent un an au Moyen-Orient.

Des politicotartuffes, aussi, bien visibles ces temps-ci. Ils sont représentants ATTAC mais placent leur salaire de 6000 euros dans des banques partenaires avec les pires firmes multinationales, ils pensent que Zidane devrait aller en prison tellement son salaire est supérieur au leur. Il y a aussi ceux qui sont au premier rang des manifestations pour la sauvegarde des services publics et des droits sociaux, mais qui ne font rien d'autre que dépenser leur RMI dans des huiles essentielles pour les séances de massage qu'ils exercent au black. Des enfants rebelles de familles aisées dont les premiers étages de la pyramide des besoins ont été assuré par des générations de travailleurs, et dont le droit de se plaindre contre la société leur est offert par ceux qui payent des impôts.

Je voulais surtout parler d'alimentation. On entend souvent "je fais hyper gaffe à ce que je mange". Evidemment, on est toujours surpris d'entendre ça quand on voit que le frigo et les placards sont remplis avec des produits comme Bridelight 10% mat.gr., salades Bonduelles sous vide, soupes en TetraBrick, purée Mousline, yaourts 0% matière grasse... Bref, des produits chimiques et bien évidemment listés en rouge dans le guide des OGM de Greenpeace.

En fait c'est vrai, il n'y a pas de limite, on peut reprocher au consommateur :

  • d'acheter des produits sans se soucier de l'origine et des conditions de fabrication
  • d'acheter des produits commerce-équitable qui traversent la planète et dont seulement 10% de la différence de prix est reversé aux producteurs
  • d'acheter des produits Bio dont le rendement est moindre et nécessite plus de terres cultivables, un label laxiste qui permet aux marques de se frayer un chemin dans cette frénésie commerciale
  • d'aller faire ses courses au marché sans se soucier de la saison de récolte des produits qu'il achète, cautionnant ainsi les poids-lourds qui traversent l'Europe, la culture sous serre avec des engrais et de la lumière artificielle
  • d'aller faire ses courses au marché des petits producteurs qui optimisent mal le chargement de leur camionnette et consomment du carburant pour se rendre sur les marchés

Comme j'habite loin de ma Mamie, on va au marché des petits producteurs. Si je m'installais sur Toulouse, j'intégrerais une AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne). Le principe est simple : vous payez à l'avance des paniers de produits de la ferme que vous récupérez à des endroits, fréquences, horaires définies avec le maraîcher.

L'AMAP est :

  • pour le paysan, le maintien de l'activité agricole par la garantie de revenu ;
  • pour le consommateur, des aliments frais, de saison, souvent biologiques, produits à partir de variétés végétales ou races animales de terroir ou anciennes ;
  • un prix équitable pour les deux partenaires.

Une telle association est considérée comme participant de l'économie solidaire, selon les critères suivants :

  • un lien direct, sans intermédiaire, entre le producteur et le consommateur ;
  • les consommateurs s'engagent à l'avance, pour une saison de production ;
  • ils partagent les aléas climatiques qui peuvent modifier à la baisse, la quantité de produits calculée et planifiée par le producteur ;
  • le prix du panier est calculé en fonction des coûts de productions et non pas au poids de la marchandise.

Le fermier n'est plus dans l'économie de marché et garde une indépendance par rapport au système de grande distribution.

Il y en a plusieurs dizaines dans la région Parisienne, une soixantaine en Midi-Pyrénnées, ... renseignez-vous !

Commentaires

1. Le mercredi, mars 7 2007, 20:08 par Mallox

J'ai vu un reportage sur l'AMAP. C'est une solution pour une minorité c'est vrai... mais non applicable globalement. D'autant que ca nécessite de sortir des villes, donc d'avoir un moyen de transport qui consomme du carburant, d'avoir une voiture (ou de la partager) mais donc qui aura été produite par une multinationale pollueuse... et ca se mords la queue.
je vois pas de solution miracle.
Habitant à Paris, je me vois mal faire 70 bornes en vélo le week end pour aller chercher mes carottes et mon jambon.
On pourrait en discuter des heures...

2. Le mercredi, mars 7 2007, 20:35 par JR

Ce n'est pas globalement applicable immédiatement, c'est sûr, en même temps Rome ne s'est pas faite en un jour.

3. Le jeudi, mars 8 2007, 10:21 par Mallox

d'ici à ce que ca se mettent en place, il faut qd meme nourrir la population mondiale qui est en croissance exponentielle
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fr.wikipedia.org/wiki/Ima...

4. Le jeudi, mars 8 2007, 16:40 par cudjoe

Je peux pas laisser ce genre d'argument clore cette discussion ! "il faut nourrir la population mondiale" ... oui, d'accord, mais avec quoi ? si on suit cette argumentaire, alors fabriquons des pilules nourricières, une grosse usine fabrique des cachetons et on peut garder les surfaces cultivables pour faire du bio-carburant.

Et puis dire que tu dois faire 70 bornes pour aller acheter des carottes montrent bien que tu n'as pas compris le principe des AMAP.
Il y a plusieurs AMAP, et dans une AMAP plusieurs personnes. Chaque membre de l'AMAP se relaie pour distribuer les paniers.
A Toulouse cela fonctionne très bien.

Je vois pas du tout ce qui est choquant, tout le monde s'est habitué à voir les supermarchés bondés le Samedi après-midi...

5. Le vendredi, mars 9 2007, 17:27 par Mallox

" "il faut nourrir la population mondiale" ... oui, d'accord, mais avec quoi ?"
Ok je veux bien... ne suivons pas cet argumentaire.

Alors quelles sont les solutions ? Laissons tout le monde crever, c'est ca la solution ? facile à proner quand on fait partie des privilégiés de la planète

6. Le dimanche, mars 11 2007, 18:32 par JR

L'agriculture intensive n'a jamais eu vocation à nourir la planète, l'idée c'est justement les circuits courts. Je ne vois pas bien la justification de manger du boeuf argentin.

Tu connais sans doute le proverbe chinois qui dit : "donne un poisson à un homme, il n'aura pas faim pendant un jour. Apprends lui la pêche, il n'aura plus faim de sa vie.

7. Le lundi, mars 12 2007, 16:03 par Mallox

Je connaissais pas ce proverbe... il est bien approprié, c'est clair

bon on est d'accord.
Il est évident que je ne cautionne pas l'agriculture intensive, la recherche de profit et tout ce qui peut faire de mal à la planète (et aux hommes qui sont dessus). La solution globale et ultime à ce pb n'existe pas, et je suis entièrement d'accord qu'il faut faire des efforts chacun à notre echelle, quitte à changez nos habitudes.
En fait ce qui m'enerve le plus la dedans, c'est que j'aurai bien envie de faire ces efforts là, moi en région parisienne... mais tout en sachant que pendant que je me donne du mal (du temps, de l'argent,...) pour mon prochain, pendant ce temps là, le mal continue d'etre fait, et accentué par le fait que 90% des producteurs/distributeurs/transporteurs veulent faire du profit et donc les productions continueront à exploser pour répondre à la demande de la population toujours plus nombreuse.
Mais cette frustration mise à part, on est d'accord.

8. Le mardi, mars 13 2007, 10:15 par cudjoe

J'imagine que c'est un sentiment partagé par beaucoup de gens. "Pourquoi moi je le ferais alors que tout le monde s'en fout"

En fait la réponse est simple. On le fait avant tout pour soi. On le fait pour manger de bons produits, sains, naturels. On le fait parce que la qualité des produits de supermarché ne nous convient pas.

Ensuite, on veut partager l'expérience. Non pas pour exterminer les multinationales de la grande distribution, mais pour montrer qu'il y a une vraie alternative, qui va au delà des discours "je me nourris bien, j'achete du fromage blanc 0%"

9. Le mardi, mars 13 2007, 18:34 par JR

Tiens l'adresse d'une AMAP sur Paris : www.moulindeslapins.org/ vu sur www.paris14.info/archive/...

10. Le mercredi, mars 14 2007, 09:58 par lenj

Coucou,

Bon vu que je suis dans le sujet et que je vois que JR fait le malin, mon ptit gars à partir de maintenant tu vas aller à 500m de chez toi chercher des fruits et légumes du campanier (www.campanier.com/) pour faire de bons ptits plats...

Car en effet, il y a des gens qui se font livrer tout un tas de legumes frais chez eux, et d'autres gens peuvent venir chercher chez ces gens chercher ces legumes (à savoir pour toi JR, il me semble que c'est le lundi).

Sinon rien ne nous empeche d'aller faire nos courses dans n'importe quel marché du coin, je pense, sans certitude, que vous ferez vivre nos braves paysans (qui ne votent pas tous le pen ou sarkozy, mais bon cela est un autre debat)

a+ lenj

11. Le mercredi, mars 14 2007, 10:19 par hyuga

Pour ceux qui croient encore que les OGM c'est bien que grace à ça on va régler le problème de la faim dans le monde et "nourrir la population mondiale"...
www.liberation.fr/actuali...
Enfin moi je dis ça... je dis rien