Houra !
mercredi, juillet 6 2005
Bien que j'aurais pu me réjouir de l'échec de Paris quant à son invitation de sportifs chimiquement modifiés et autres sponsors de la bande à Coca pour 2012, ce n'est pas cela qui me remet le sourire aux lèvres après une dure matinée.
Il est évident que l'informatique est aujourdhui au coeur du fonctionnement de tous les secteurs industriels et économiques, et surtout quelle est devenue le vecteur unique de linformation et de la communication, donc du pouvoir et de lindépendance. En Europe la quasi-totalité des ordinateurs est basée sur des logiciels dont le fonctionnement interne nous est complètement inconnu et qui sont fabriqués par une minuscule poignée dénormes entreprises américaines. Ces entreprises ont pu acquérir leur domination à une époque où les brevets sur les logiciels nexistaient pas, et ont réussi à maintenir cette domination en imposant cette brevetabilité aux États-Unis. Pour des raisons évidentes, ces entreprises aimeraient que leurs innombrables brevets puissent être valables aussi en Europe. Aidées par quelques cabinets davocats en propriété intellectuelle et des moyens financiers et de lobbying surpuissants, elles font pression sur la classe politique européenne pour y imposer la brevetabilité des logiciels. (source : Framasoft)
Après l'adoption en première lecture de la directive pour les brevets logiciels par le Conseil des Ministres au mois de Mars, le monde des logiciels libres en Europe a tremblé. En effet cette directive permettrait par exemple, pour simplifier, à Microsoft de breveter le concept du "double clic" et de réclamer de l'argent à tout éditeur de logiciel qui voudrait utiliser cette interaction. Le monde des logiciels libres n'aurait pas été en mesure de financer leur diffusion puisqu'ils ne rentrent à aucun moment dans une logique de rentabilité, mais prônent la libre circulation, l'ouverture et l'égalité face aux logiciels et à l'information en général.
Aujourd'hui se tenait le vote en deuxième lecture pour les brevets logiciels. C'est un vote historique qui vient d'être rendu au Parlement européen : les eurodéputés l'ont rejetté. On a vu fleurir de très nombreuses initiatives en particulier dans les écoles, universités et centres de recherches qui ont ponctuellement réussi à toucher aussi bien le grand public que les grands médias. On peut aussi saluer les papas de Linux, PHP et MySQL ou Michel Rocard et Bernard Carayon qui avaient accusé la future directive européenne sur les brevets logiciels dêtre "trompeuse, dangereuse et démocratiquement illégitime".
Ce qui a fait s'affronter depuis plus 4 ans les groupes industriels (Siemens, Nokia, Microsoft...) d'une part et les défenseurs de la culture libre d'autre part va définitivement être enterré. La mobilisation a porté ses fruits, c'est un bel exemple pour les moult fatalistes qui nous entourrent.
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