Dans la petite peninsule du Golfe...

J'ai écrit une petite histoire avec des noms fictifs pour compiler une bonne collection d'anecdotes, de moeurs, de faits que j'ai observés ou qu'on m'a expliqués. Bien sûr, toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant existé serait totalement fortuite. Je ne savais pas comment raconter tout ce florilège de surprises collectées depuis que je suis arrivé, si vous trouvez cette histoire de mauvais goût ou démocratiquement dangereuse...laissez un commentaire !

Saleh nait à l'hopital privé de Doha, d'un père de famille quatarienne et d'une mère volée dans un village africain. Il prends la nationnalité de son père, et fait alors partie des 150 000 passeports quatariens sur les 2 millions de personnes vivant au Qatar. Chacha, une Philippinne commandée sur Internet, le promène en poussette, le gronde et lui raconte des histoires, pendant que sa mère donne des ordres au Sri Lankais qui fait les courses pour la famille.

Le petit garçon a 8 ans, il fait des crises quotidiennement pour avoir son quad et s'amuser dans les dunes. Son père, constatant l'effondrement du cours du Ryal, sera obligé de déplacer 1,5% de ses fonds vers une firme chinoise pour mettre quelques centaines de milliers de dollars de côté afin de satisfaire les désirs de son fils, qui décidémment, est de plus en plus exigeant ! ...mais tellement mignon.

Un vendredi après-midi, Saleh a sauté une dune avec son quad et a renversé deux Népalais qui venaient savourer l'air de la mer pendant leurs 6 heures de pause hebdomadaire. Fatal pour l'un, grave blessure pour l'autre. Bien que travaillant 11 heures par semaine, Amdi ne gagne que 100 euros par mois. Ce qui n'est pas guère, surtout que celui-ci en envoie la moitié à sa famille restée au pays. Il doit se contenter d'un hopital public et d'une cordelette scotchée pour soigner sa clavicule cassée. Saleh a pleuré pendant plusieurs jours, le temps d'avoir un quad plus gros et plus puissant.

Saleh grandit, il veut faire des études aux Etats-Unis. Heureusement un Oncle possèdent 62% du capital des universités privées de l'Ohio. Pendant cinq années, il étudie le commerce international et revient au Qatar, où il obtient un poste de vice-président à la Qatar General Motors Corporation. Grâce à sa nationnalité, il peut s'attribuer 5 secrétaires et 6 ingénieurs indiens, et ne venir au travail que de 9H30 à 11H, 4 jours par semaine. Pendant toutes ces heures passées au travail, il prends soin de ne répondre à aucun mail, mais s'assure que le site de suivi de portefeuille boursier occupera sa page d'accueil. Il invite ses collègues quatariens à s'asseoir parmi les 4 canapés qui occupent son bureau. Il décroche son téléphone et appelle Ekanga, le servant pakistanais, pour qu'il ferme la fenêtre, qui est à la portée des 12 bras présents dans le bureau. Un quart-d'heure plus tard, il le rappelle pour qu'il vienne ajuster la clim, et servir des cafés à tout le monde. En ce mercredi matin, c'est l'excitation tout le monde crit et rit dans le bureau. Les 6 collègues choisissent la couleur de leur futur Porsche Cayenne Sport, aussi démodé soit-il, mais à 24 ans, on s'en contente !

Tous les soirs, il sort dans le quartier des restaurants américains avec ses amis. La frustation de sa libido se transforme en un appétit phénoménal pour la mal-bouffe. Sur le chemin du retour, il se gare devant l'épicerie World Famous MegaShop de 3 mètres carrés, et klaxonera jusqu'à ce que l'épicier sorte et vienne à sa vitre. Il fait bien trop chaud pour descendre de la voiture. Il commande un Pepsi et un Snickers, avale le tout au volan et jette l'ensemble par la fenêtre. Sur la corniche, il roule à 140 km/h. Un balayeur pakistanais fait un pas sur la route pour traverser. Saleh tente de l'éviter, mais arrive un énorme 4x4 sur la voie de droite, il se rabat et projette l'homme à 200 mètres du capot. Ce travailleur est mort sur le coup. Saleh devra payer plus de 1000 euros d'amende. Il risque peut-être même d'avoir des soucis, puisque c'est déjà le troisième shadow people à qui il ôte la vie.

Enfin ! Il a reçu son Porsche Cayenne, ce samedi il pourra accompagner les 90% de la population upper-class au centre commercial géant du pays. En tournant en rond dans les galleries, il croise les yeux d'une fille seule assise sur un banc. D'un pas élancé, il fait discrètement tomber un bout de papier avec son numéro de téléphone dessus. Derrière son abaya, Jamila lui envoie un texto. Il répond avec un MMS accompagné d'une photo de lui. Il repasse devant le banc. Comme si rien n'était, Jamila se lève 30 secondes après qu'il soit passé. Tous deux se parlent au téléphone pendant des heures en marchant à 50 mètres l'un de l'autre. Saleh plait à Jamila, en plus il a un Porsche Cayenne, il pourra donc lui payer tous les bijoux dont elle aura envie.

Jamila vient de passer 8 mois au nord de Londres, où elle a bien profité de la vie. Elle sort quelques fois à Doha dans les hotels chics. Avant de monter au lounge, elle retire son abaya et dévoile une jolie robe de haute couture. Les quelques Smirnoff Ice suffiront à lui faire décrocher un sourire sans trop se soucier des représailles. Assise à l'extrémité de la terrace, elle refuse la parole à quiquonque, et repart en taxi après s'être revêtue.

Saleh a découvert son joli visage au bout du huitième jour. Ils se voient de plus en plus et décident de s'épouser. Saleh doit payer environ 75 mille euros à la famille de Jamila pour pouvoir l'épouser. Heureusement il a déjà plusieurs placements dans des compagnies spécialisées dans l'énergie, contrairement à son ami Jordanien qui lui a du s'endetter pour épouser sa femme.

Très vite, ils ont de magnifiques enfants. Tout est bien qui finit bien...Bientôt ils acheteront une rue dans le complexe touristique construit sur la mer pour assurer l'avenir de leur progéniture.

Commentaires

1. Le vendredi, mai 12 2006, 17:05 par Flo

Ecoeurant, ahurissant et à peine concevable...

Quand l'argent ne vient plus à manquer, il semble que toute notion d'humanité ne soit plus d'actualité...

Reviens-vite par chez nous, finalement il y fait quand même bon vivre !

A bientôt

2. Le lundi, mai 15 2006, 11:11 par Kelykos

C'est écoeurant, mais je me rappelle d'un rebeu rencontré à Malaga, il me disait que les arabes du Moyen Orient n'avait pas de respect pour les autres.
Pour eux, les arabes du Maghreb n'étaient que des pauvres et le seul intérêt qu'ils avaient était de constituer une main d'oeuvre peu onéreuse.

Apparemment tout ce qui ne respire pas l'argent n'est pas digne d'intéret. Quels bandes de c******s