Recolonisation de l`Afrique par les firmes
mardi, avril 19 2005
Je suis tombé sur plusieurs articles, alors voici, comme à l'accoutumée, un post pour la catégorie "à la télé on vous dit pas tout ça". J'ai envie de vous parler de l'entreprise familiale Bolloré de Papier à cigarettes, fondée en 1822 à Odet près de Quimper (OCB = Odet-Cascadec-Bolloré, Oui vous connaissez ! ces lettres qui sont visibles pendant les premiers jours qui suivent l'achat de vos feuilles à rouler!) qui réalise aujourd'hui 5,4 milliards d'euros de CA (100 millions de bénéfices). Vincent Bolloré est devenu le nouvel empereur aux canines pointues de l'Afrique grâce à ses affinités libérales avec les potes de Chirac (F. Léotard, G. Longuet, A. Madelin, M. Michel Roussin, et autres chefs d'états Africains...). Il tente d'étendre sa position de monopole dans le domaine des transports, de la logistique et des produits tropicaux (tabac, hévéa, banane, cacao, coton, café, caoutchouc, huile de palme...) ; à quoi s'ajoute l'exploitation forestière en Afrique centrale.
Une stratégie de monopole
L'entreprise est désormais un atout français, et plutôt bien placée au niveau européen. Une telle situation de monopole ne pourrait pas être acceptée sur le territoire Européen, dans le domaine des transports c'est hallucinant ! A la moindre privatisation, sous les yeux de la Banque Mondiale, ils rachètent tout sur tous les fronts : le chemin de fer et les transports terrestres, le transit, les ports et le transport maritime ! L'entreprise a désormais le monopole pour la logistique dans les pays suivants : Afrique du sud, Algérie, Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa, Côte dIvoire, Djibouti, Egypte, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Kenya, Libéria, Libye, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Ouganda, Centrafrique, Sénégal, Sierra Leone, Soudan, Tanzanie, Tchad, Togo, Tunisie, Zimbabwe... Bien entendu, notre Chiraquie arrose dargent public (Agence Française du Développement et même Banque Mondiale) et conforte la boulimie du groupe.
Le cas du Congo-Brazzaville
Au Congo c'est le 11 Septembre tous les jours depuis 4 ans
3 millions et demi de Congolais ont été tués, soit entre 2000 et 3000 victimes par jour. Aaah ça on le passe pas en boucle sur LCI !
Le Congo-Brazzaville est le théâtre d'une guerre civile marquée en octobre 1997 par la victoire et le retour du général Denis Sassou Nguesso, grâce à une armée de soldats, miliciens et mercenaires, dont des français. Les relations économiques du régime criminel sont essentiellement établies, en dehors de la société Elf, auprès de Pierre Aïm(poisson pilote du groupe Bolloré) et de Michel Roussin(Président du Comité Afrique de MEDEF International et vice-président de Bolloré). Massacres, nettoyages ethniques, en 1999, 500 000 civils prennent la fuite, beaucoup d'entre eux mourront de faim et de maladies dans les forêts. Entre décembre 1998 et décembre 1999, il y a eu probablement plus de morts au Congo-Brazzaville que dans les conflits du Kosovo, du Timor oriental et de Tchétchénie réunis. Encore une fois pas de hiérarchisation des souffrances, mais l'information a quand même bien du mal à remonter.
Bolloré a profité de l'isolement international de ce régime criminel pour renforcer ses affaires avec le coalition pro-Sassou, accréditant sa société Saga du transport de matériel militaire vers les bases françaises en Afrique. Evidemment, ils développent des entreprises où l'on place des membres de la famille du dictateur.
La participation à la surexploitation des forêts
Aux confins du Cameroun, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville et du Gabon, subsiste la forêt guinéo-congolaise, l'une des forêts équatoriales les plus précieuses, un écosystème unique par sa biodiversité. Des communautés locales (pygmées et bantoues) en vivent. Bolloré rachètent des entreprises et fait le lien avec son business de transport, le tout magnifiquement orchestré sans aucune politique de valorisation des déchets : ceux-ci brûlent en permanence avec dans le même tas les bidons en plastique de pesticides utilisés pour le traitement du bois. Bolloré a déja exploité 137 000 hectares sur les 237 000 de la réserve, utilisant ses deux scieries spécialisées dans les traverses de chemin de fer. La forêt littorale est quasiment épuisée, les routes fractionnent la forêt primaire, rien n'est replanté et l'exploitation, si la tendance ne s'inverse pas, fera disparaitre toute la forêt primaire d'ici 5 à 10 ans.
Mes amis, la prochaine fois que vous allez au bureau de tabac, n'agrandissez pas le patrimoine de ces requins.
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